Distorsion - 1


Appropriation et transformation d'un vécu extérieur médiatisé. L'assassinat. La nuit dernière, j'ai tué un homme. Quelqu'un est entré en forçant la porte. Un homme sans corps, sans visage, mais dangereux. J'ai essayé de faire le 911. Comme toujours, mes doigts empesés s'empêtraient dans l'urgence de la composition. Il s'est glissé dans un garde-robe. Je ne sais pas ce qu'il fait là, soudain plus frêle, plus mince, moins grand, collé face à face, dans le peu d'espace qu'il reste entre le mur de la porte et les vêtements bien tassés, au recto d'une jeune femme, incapable de faire le moindre mouvement. Moi qui pendant toutes ces années figeais littéralement lorsque quelqu'un cherchait à me faire du mal, un coup foudroyant,, un magma de colère brute, fit bouillir mon corps, mes yeux devenus des lance-flammes plus rapide que le son. Ai-je sorti l'homme moi-même? Je le regarde droit dans les yeux, à l'inverse des filles de la pubs, les yeux regardant ailleurs ou vers le bas. Je ne le regarde pas, je l'assassine. Il y avait comme des armes, des objets plus ou moins matériels qui circulaient violemment entre nos regards. je sais que le mien fut vainqueur. Je ne me souviens pas de l'arme utilisée, il y en eut pourtant une autre (?), achevant le travail oculaire. Pas de sang...